Second Life : le pays virtuel

La notion de pays est associée à un territoire géographique et à une population évoluant dans un même environnement social, économique et culturel, avec un gouvernement commun, un corps de lois, et souvent un langage commun. L’idée de nation semble un peu différente ; en effet, toutes les nations n'ont pas leur propre territoire et il existe plusieurs exemples de peuples répartis sur plusieurs pays tout en possédant un héritage historique et culturel très marqué.

Internet fait exploser les frontières et réduit les distances. Mais, contrairement à ce qu'on pu écrire quelques mauvais prophètes, il semble loin d'effacer l'intégrité et la diversité culturelle des nations et des communautés. Au contraire, les représentants de ces communautés et de ces nations dispersées dans le monde ont trouvé dans Internet le moyen de renforcer leurs liens et leurs échanges afin de préserver et de renforcer leur identité.

Avec le développement d'Internet, le concept de "pays virtuel" ou de “nation virtuelle” a aussi fait son apparition. Ces “nations virtuelles” ont, semble-t-il, des formes et des objectifs extrêmement variés, depuis la simple satire humoristique (République Libre de Laputa) jusqu’à des essais de démocratie directe au plan mondial (Virtual Nation). Second Life n’est encore qu’un monde virtuel mais il pourrait constituer le “support” le plus abouti d’un (ou plusieurs) pays virtuel(s), parce qu’il "matérialise" ce concept sous la forme d’un territoire numérique (ressemblant par beaucoup d'aspects à notre espace physique) soumis à un même environnement économique et social. De plus, le rôle social, économique et culturel de Second Life prend chaque jour plus d’importance.

Au fond, un pays virtuel est un pays sans territoire réel et sans frontières, et le pays réel dans lequel les membres d’un pays virtuel résident devient une “terre d’accueil”. L’émergence des pays virtuels pose la question de leur légitimité mais aussi, à terme, celle de la légitimité des gouvernements actuels de nos pays réels. Ceux-ci ne pourraient-ils voir un jour leur autorité réduite à la simple gestion de territoires géographiques - "gouvernement de territoires" ou espèce d'hôtellerie au plan mondial - alors que l’ensemble des questions sociales, économiques et culturelles relatives aux personnes et aux communautés seraient du ressort d'un "gouvernement de personnes", c’est-à-dire du gouvernement d’un (ou plusieurs) pays virtuel(s) ?

Les armées sont impuissantes à envahir les pays virtuels car il n'y a pas d'armée capable de conquérir la connaissance. Et l’essentiel de la richesse d’aujourd’hui repose sur la capacité d’imagination et de réalisation des femmes et des hommes : créateurs, entreprises innovantes et organisations sociales.

Le jour où un pays virtuel sera admis à l’ONU ou signera son premier traité avec un pays réel, un changement important aura eu lieu. Il me semble que Second Life, en tant que monde virtuel à part entière développant sa propre économie, pourrait être un élément catalyseur de cette évolution.

Les personnes intéressées peuvent consulter l'article de "The DaVinci Institute" sur le sujet, ainsi que celui de Thomas Hylland Eriksen intitulé "Nations & Nationalism - Nations in Cyberspace".

Second Life : une journée bien remplie

Un joli crépuscule dans Second Life... Sur Penglai, la journée a été consacrée aux premiers travaux de formation du terrain et à quelques plantations. L'endroit commence à être un peu moins désertique. J'ai aussi créé un îlot auquel j'ai donné le nom de "Fangzhang Island".

Second Life : Barcelona del Oeste

Cette région s'inspire de Barcelone et en reproduit l'atmosphère. Elle est d'ailleurs un lieu bien fréquenté par les espagnols, et par les catalans espagnols en particulier. Le point de rencontre principal se situe dans le local "The Café" où l'on vient pour discuter et danser. A noter aussi la galerie d'art qui présente des oeuvres de Cheen Pitney.

Second Life : la ville japonaise de Nagaya

Nagaya, appelée aussi "Little Kyoto", est une petite ville japonaise établie par le groupe "Ohane Batake" dans la région de Juho. Elle est intéressante par son architecture mais surtout, d'après moi, par les avatars assez extraordinaires qui la fréquentent. Une promenade dans cet endroit est toujours très distrayante.

Le monde plat de Second Life

Dans la vie réelle, l'expérience subjective d'une terre plate n'a sans doute rien de fortuit et ce n'est donc pas un hasard si, dans Second Life, la terre est effectivement plate, à l'image de la grille. Ceci présente en outre un avantage pratique considérable, qui est celui d'une expansion indéfinie possible dans les quatre directions, au nord, au sud, à l'est et à l'ouest.

Mais si le monde vu de Second Life est "plat", c'est aussi sur un tout autre plan, qui est celui proposé par Thomas L. Friedman dans son livre "La terre est plate : Une brève histoire du XXIè siècle". Friedman y décrit l'impact du développement des technologies, en particulier Internet, dans "l'aplanissement" du monde économique qui fait de San Francisco, Bangalore et Beijing des proches voisins (voir en particulier l'article de Wikipedia sur le sujet).

Second Life représente probablement l'aboutissement de cette idée d'un "monde plat", en proposant partout l'accès à un même environnement social, économique, commercial et culturel par le biais d'une plate-forme virtuelle en trois dimensions. Un billet de Marcel de Ruiter publié en novembre 2006 avait déjà développé cette orientation sous une forme un peu différente.

Mais, contrairement à Tom Friedman qui pense que la terre se "rapetisse" au fur et à mesure qu'elle devient "plate", l'émergence des mondes virtuels, et de Second Life en particulier, montre à l'évidence une extension extraordinaire des possibilités d'échanges et de création, à l'image d'une grille de taille théoriquement illimitée.

Second Life phase 2 : l'île de Penglai

Je viens de prendre possession de l'île de Penglai, qui se situe à l'extrémité est-nord-est de la grille. Je l'ai nommée ainsi en référence à l'île légendaire chinoise de Penglai.

Après une première phase consacrée essentiellement à l'exploration des possibilités de Second Life, me voici donc désormais entré de plein pied dans le domaine des projets et des réalisations. Pendant quelques mois, la région va se transformer en chantier (et "terrain d'expérimentation"), et ne sera donc pas accessible.

Paris dans Second Life

De retour à Mumbai après un voyage fatigant à Surat (Etat indien du Gujarat) où il n'était pas question de se connecter à Second Life, voici que je me mets à penser à Paris et à une nouvelle région qui réplique dans Second Life, de façon non caricaturale, l'esprit de notre capitale en 1900.

Depuis plusieurs semaines déjà, je peux accéder à cette région en préparation grâce à Nick Rhodes. DrFran Babcock vient de me rappeler qu'elle est presque terminée maintenant. Elle a été construite en particulier grâce à Anastacia Evans (propriétaire, cf. photographie ci-après), YadNi Monde et Chriss Darkes.

Quelques photographies sont plus parlantes que du texte pour restituer la beauté et l'atmosphère du lieu.

Second Life : Adam Ramona et Mashup Islander

Ici, à Mumbai, je peux enfin me connecter à Second Life et je reprends donc mes excursions virtuelles. Je suis retourné à Marni voir les créations de Adam Ramona et en particulier "Eudemonia Stellata" que je n'avais pas pu essayer la dernière fois.

J'ai eu la chance de rencontrer Adam Ramona, un avatar d'apparence vraiment extraordinaire.

C'est aussi un artiste et compositeur (du nom de Adam Nash) dans la vie réelle (voir ici son site) et il travaille en particulier avec Igloo (Grande-Bretagne) et Company in Space (Australie). Il m'a démontré le fonctionnement de "Eudemonia Stellata". Deux modes sont possibles : automatique ou manuel (dans ce cas, il faut cliquer sur les pétales pour activer différentes vibrations sonores). Après quelques essais, Pix Paz s'est jointe à nous pour profiter à son tour de cette très belle sculpture musicale.


Ensuite est arrivé Mashup Islander, qui possède un îlot voisin (Mashup) de celui de Adam Ramona et qui y a installé une très intéressante sculpture sonore ("parlante") en coopération avec ce dernier, appelée "Cantata Park 1". Il m'a expliqué que cette oeuvre est basée sur un essai de William Burroughs intitulé "The Electronic Future" et qu'elle reprend 256 mots de cet essai sur le langage considéré comme un virus.

Le Linden Dollar

Impossible de me connecter à Second Life depuis mon hôtel à Bangalore, qui porte aussi le nom de "Silicon Valley de l'Orient", et ce malgré les efforts des experts techniques locaux... Je ne pourrai donc pas faire de reportage sur l'une de mes dernières excursions virtuelles puisqu'il n'y en a pas eu depuis quelques jours. Je me permets néanmoins d'écrire un billet court sur le fascinant développement des monnaies virtuelles, et du Linden Dollar en particulier.

Le Linden Dollar, monnaie virtuelle de Second Life, est facilement et immédiatement convertible en dollars US selon un cours de marché. En cela, il se rapproche donc d’une devise réelle. Avec la croissance du nombre de résidents dans Second Life, son usage devient aussi de plus en plus répandu.

Cependant des éléments importants lui manquent, en particulier :

- ce n’est pas encore un instrument financier, mais des initiatives en ce sens apparaissent ici ou là (épargne sur-rémunérée avec Ginko Financial, services bancaires avec OurBank, investissement capitalistique avec Hope Capital) et il y a tout lieu de penser qu’elles devraient se structurer et se multiplier ;

- c’est une devise "cloisonnée" aux biens virtuels internes à Second Life ; mais des exceptions se font jour comme cette carte graphique proposée par SL Boutique pour 28.800 L$ ; là aussi, avec l’interaction grandissante entre monde "réel" (e-commerce) et monde "virtuel" (v-commerce), l’utilisation du Linden Dollar pour faire des achats sur Internet pourrait s’élargir assez rapidement vers des consommables tels que des téléchargements de musique ou de vidéo, voire des biens matériels.

A contrario, et c’est le plus important sans doute à terme, le Linden Dollar et les mécanismes de paiement existant dans Second Life présentent des avantages importants par rapport aux monnaies réelles :

1) tout d’abord, le Linden Dollar est une devise à couverture mondiale, et il est possible de payer en Linden Dollars n’importe qui partout dans le monde à partir du moment où cette personne est inscrite à Second Life ;
2) deuxièmement, les paiements effectués en Linden Dollars sont instantanés ;
3) troisièmement, les paiements en Linden Dollars sont gratuits (pas de commission de transfert), contrairement à ce qui se passe avec les monnaies réelles.

Second Life, en tant qu’innovation de rupture, va sans doute entraîner dans son sillage des changements significatifs aux plans social et économique. Tout ceci n’en est encore certes qu’aux balbutiements, mais le chemin est engagé et semble bien engagé.

Greenpeace dans Second Life

J'étais dans la région de "The Blast Machine" en train de vérifier un point de détail sur la présence de L'Atelier BNP Paribas dans Second Life lorsque Nessy Lupino me demande de la rejoindre à Commonwealth Island où elle a découvert la présence de Greenpeace.

Ni une, ni deux. Je me retrouve sur Commonwealth Island et nous faisons alors ensemble une petite visite du local qui présente les actions de Greenpeace, avec des liens vers leurs pages Web et une présentation sous forme de vidéo. Il est également possible de faire des dons à l'organisation pour ceux qui le souhaitent.

Nessy a écrit un billet très complet et très vivant de ses découvertes sur Commonwealth Island et les régions avoisinantes. C'est à lire sur son blog.

Second Life : les sculptures audiovisuelles de Adam Ramona

Adam Ramona a installé sur son îlot de Ramonia quelques-unes de ses très intéressantes créations dans Second Life. Il les appellent "sculptures audiovisuelles interactives" ou "oeuvres audiovisuelles immersives" et c'est ce qu'elles sont en vérité: vous pénétrez dans ces sculptures et, par vos mouvements, vous devenez à la fois le spectateur et l'acteur d'un spectacle audiovisuel unique.

Chacune des ces oeuvres s'identifie par une couleur de base. Il y ainsi : "Anahata, le Cygne Muet" de couleur orange, le "Jardin de Cloches" de couleur bleue et "Intervalle Canescent" de couleur blanche.

Adam Ramona a aussi placé deux oeuvres immersives dans le ciel, à respectivement 400 mètres et 500 mètres au-dessus de son îlot : "Pure Absence" de couleur violette et " Sculpture Sonore Bleue #1".


Voilà qui pourrait intéresser wildo par exemple, ainsi que celles et ceux qui pratiquent la création musicale. L'interaction entre le temporel et le spatial est sans doute un domaine intéressant à explorer dans Second Life.

BNP Paribas dans Second Life

Le groupe financier BNP Paribas arrive dans Second Life par le biais de L'Atelier. Ce n'est pas vraiment une nouvelle puisque L'Atelier l'avait déjà annoncée en décembre 2006 directement sur son site.

L'Atelier de BNP Paribas s'est installé sur un petit îlot de 6720 m2 situé dans la région de The Blast Machine. The Blast Machine est aussi le nom de l'agence (française) qui a conçu l'installation. L'endroit n'est pas encore terminé, mais c'est un début. Pour l'instant, il y a deux bornes, un grand panneau (sans doute provisoire) et un petit local qui propose une vidéo de présentation de L'Atelier avec des témoignages de Cisco et de IBM.

J'ai pu discuter un peu avec barbapapa Otawara, représentant de The Blast Machine dans Second Life.

De l'autre côté du pont se trouvent les locaux de The Blast Machine et un site encore en construction du nom de "Agorapolis - Elections Présidentielles France 2007". Je n'en sais pas plus.

Le Congrès américain dans Second Life

Voilà maintenant que nous avons une Chambre des Représentants des Etats-Unis dans Second Life. L'endroit qui couvre deux régions a été inauguré jeudi dernier et il vise surtout à présenter les 6 dernières propositions du Parti Démocrate, au moins pour l'instant. Pour parler franchement, je trouve l'agencement du lieu particulièrement banal...

Ses créateurs indiquent que l'espace pourra aussi être ouvert au Parti Républicain si ses représentants le souhaitent. Capitol Hill n'est donc pas d'abord un lieu destiné aux débats politiques de toutes natures et de toutes origines, c'est surtout un symbole de puissance de la nation américaine. Tout cela est assez grossier et plutôt agressif à mon goût.

Second Life n'est pas découpé selon les frontières nationales des pays réels et ne fonctionne pas suivant la même logique. Alors que vient donc y faire une nation ? Ceci n'est-il pas à la fois déplacé et anachronique ? Pour ceux qui sont intéressés par la question, je conseille l'excellent billet de Prokofy Neva et les commentaires associés.

Le projet Dune dans Second Life

LemonYellow Oxide a acquis une région de Second Life pour recréer l'environnement de Dune de Frank Herbert, ainsi que celui du film correspondant par David Lynch. Un forum spécial a été créé à cet effet. Toute personne intéressée peut rejoindre gratuitement le groupe "The Dune Project" pour participer à ce projet démarré en novembre 2006.

Je me suis rendu sur l'île Lemon Yellow, qui est encore en cours d'aménagement. Mais il y a déjà des choses intéressantes à voir. Cela mérite au moins une visite. Et plus, bien entendu, si l'on est passionné par Dune...

Un nouveau wiki sur Second Life

Le 1er janvier 2007, le "SL Business Communicators Group" a lancé un nouveau wiki - Second Life Business Communicators Wiki - qui est "destiné à être une ressource collaborative pour tous ceux qui sont intéressés par des applications business et de communication de Second Life, des mondes virtuels ou des interfaces utilisateurs 3D". Comme de bien entendu, ce wiki n'en est encore qu'à ses débuts.

On peut adhérer gratuitement au groupe à l'intérieur de Second Life. Ceux qui souhaitent figurer dans les ressources listées par ce wiki, ou même devenir des contributeurs, peuvent aussi s'adresser à Linda Zimmer par e-mail.

Second Life : l'art de l'an 3000

3000 AD ("an 3000 après Jésus-Christ") est une ville très intéressante contrôlée par Dakota Neumann. Cette région de Second Life, qui vit dans un crépuscule permanent, est particulièrement remarquable par les "textures" soignées de ses constructions, dont la réalisation revient pour l'essentiel à Nubian Bliss. L'ambiance et le cadre sont vraiment splendides.

Cet endroit est aussi devenu un lieu de galeries où de nombreux artistes, parmi les plus connus dans Second Life, y présentent leurs oeuvres : les grandes toiles de jjccc Coronet, les peintures de Francis Bagration, les réalisations subtiles de Fau Ferdinand, l'art de Esch Snoats, etc.

Avec Second Life, certains artistes ont trouvé là le moyen de faire connaître leurs travaux à un public qui, dans les conditions de la vie "réelle", n'y aurait pas accès ou très difficilement.

Alors, Second Life sera-il le lieu où se développera l'art (numérique) du vingt-et-unième siècle ?

Second Life : chevaucher le dragon

"Si tu ignores le dragon, il te mangera.
Si tu essaies d'affronter le dragon, il te vaincra.
Si tu chevauches le dragon, tu tireras avantage de sa force et de son pouvoir."

Proverbe chinois (*)

Ici, au sol, sur Terminus...

... et là, en vol au-dessus d'Acropolis.

Comme beaucoup de proverbes chinois, celui-ci est susceptible de multiples interprétations. Maintenant si, par exemple, on remplace le terme de "dragon" par celui de "Second Life" (à supposer que Second Life soit un dragon...), on obtient une lecture intéressante.

Second Life serait-il le petit dragon de l'Internet ?

A noter que le "dragon volant" est une création de Jesrad Seraph et le "petit dragon familier sur l'épaule" une réalisation de Daryth Kennedy.

(*) Tiré du livre "Dragon Spirit" de Ron Rubin et Stuart Avery Gold.