La réalité virtuelle est un choc technologique qui va sans doute modifier presque tous les aspects de notre vie – le travail, les loisirs, l’art, le commerce, la société, etc. – et pourrait même entraîner une modification profonde de notre perception actuelle du monde physique. La raison en est simple : avec l’arrivée de la réalité virtuelle, nous sommes amenés à réfléchir sur la réalité matérielle et, peut-être, à en mieux comprendre sa nature.
La réalité physique est le domaine de "la vie ordinaire" et, si les mondes virtuels sont appelés virtuels, c’est bien d’abord par opposition au monde réel. Selon cette perception initiale, les mondes virtuels ne sont "évidemment" pas réels. Cette impression est sans doute renforcée par le fait que ceux-ci sont encore très rudimentaires, que leur capacité immersive est réduite et qu'ils n’offrent pas la palette complète des sens. Mais, très rapidement, on s’aperçoit que, loin de représenter une "fuite de la réalité", les mondes virtuels en constituent au contraire une "extension" et, donc, que cette dualité entre réalité et virtualité n’est pas du tout ce que nous croyions au départ.
D’un autre côté, les mondes virtuels nous apprennent à saisir la virtualité du monde "ordinaire" car, si les mondes virtuels sont une illusion, alors "rien n’est réel" (1). Le développement technologique actuel incite même certains philosophes, comme Nick Bostrom par exemple, à penser que le monde réel dans lequel nous vivons pourrait bien n’être, après tout, qu’une simulation informatique. Et au cas où le monde réel est de nature informatique, alors les mondes réels et les mondes virtuels ne sont pas différents sur le fond, puisque cela voudrait dire que "la réalité est une réalité virtuelle" (2).
Mais, par ailleurs, les doctrines spirituelles enseignent que le monde "réel" des apparences, tout en n’étant pas fondamentalement réel, est néanmoins là de toute façon. "Les montagnes ne sont pas des montagnes et les rivières ne sont pas des rivières" et pourtant "les montagnes sont des montagnes et les rivières sont des rivières" (3). "Le monde, tout en n’étant pas la réalité, en est néanmoins l’expression" (4). Suivant cette compréhension, il n’y aurait donc également pas de différence essentielle entre la réalité virtuelle et la réalité "réelle", mais l’implication est autre : cela signifierait que la réalité virtuelle est un "monde flottant", exactement comme l’est le monde physique en dépit de notre incapacité à le voir de cette façon. Au plan technologique, cette non dualité trouve aussi sa traduction dans la dissolution de la membrane séparant réalité et virtualité, et l’apparition correspondante des première applications dans cette direction.
tsuyu no yo wa
tsuyu no yo nagara
sari nagara
monde de rosée
c’est un monde de rosée
et pourtant, et pourtant
Issa
(1) John Lennon
(2) Ben Goertzel
(3) Qinyuan Weixin
(4) Frithjof Schuon
Lecture : Ben Goertzel, The Virtual World
La réalité physique est le domaine de "la vie ordinaire" et, si les mondes virtuels sont appelés virtuels, c’est bien d’abord par opposition au monde réel. Selon cette perception initiale, les mondes virtuels ne sont "évidemment" pas réels. Cette impression est sans doute renforcée par le fait que ceux-ci sont encore très rudimentaires, que leur capacité immersive est réduite et qu'ils n’offrent pas la palette complète des sens. Mais, très rapidement, on s’aperçoit que, loin de représenter une "fuite de la réalité", les mondes virtuels en constituent au contraire une "extension" et, donc, que cette dualité entre réalité et virtualité n’est pas du tout ce que nous croyions au départ.
D’un autre côté, les mondes virtuels nous apprennent à saisir la virtualité du monde "ordinaire" car, si les mondes virtuels sont une illusion, alors "rien n’est réel" (1). Le développement technologique actuel incite même certains philosophes, comme Nick Bostrom par exemple, à penser que le monde réel dans lequel nous vivons pourrait bien n’être, après tout, qu’une simulation informatique. Et au cas où le monde réel est de nature informatique, alors les mondes réels et les mondes virtuels ne sont pas différents sur le fond, puisque cela voudrait dire que "la réalité est une réalité virtuelle" (2).
Mais, par ailleurs, les doctrines spirituelles enseignent que le monde "réel" des apparences, tout en n’étant pas fondamentalement réel, est néanmoins là de toute façon. "Les montagnes ne sont pas des montagnes et les rivières ne sont pas des rivières" et pourtant "les montagnes sont des montagnes et les rivières sont des rivières" (3). "Le monde, tout en n’étant pas la réalité, en est néanmoins l’expression" (4). Suivant cette compréhension, il n’y aurait donc également pas de différence essentielle entre la réalité virtuelle et la réalité "réelle", mais l’implication est autre : cela signifierait que la réalité virtuelle est un "monde flottant", exactement comme l’est le monde physique en dépit de notre incapacité à le voir de cette façon. Au plan technologique, cette non dualité trouve aussi sa traduction dans la dissolution de la membrane séparant réalité et virtualité, et l’apparition correspondante des première applications dans cette direction.
tsuyu no yo wa
tsuyu no yo nagara
sari nagara
monde de rosée
c’est un monde de rosée
et pourtant, et pourtant
Issa
(1) John Lennon
(2) Ben Goertzel
(3) Qinyuan Weixin
(4) Frithjof Schuon
Lecture : Ben Goertzel, The Virtual World
4 commentaires:
Dans ce cas le Big Bang serait comme une sorte de mise sous tension ?
;-)
Merci pour le texte et le lien ...
toujours aussi passionnant.
eh oui si proche de ce texte superbement enoncé
le lien est magnifique entre reel et sl;l'un l'autre peuvent se fluidifier et agir en interaction
si on decide de ne pas opposer reel et sl et de les les laisser deriver ensemble
une sorte de psychotherapie esselienne qui vient illuminer cette vie 'de tous le sjours'
un autre regard...sur cette folie dans laquelelnous vivons et bien souvent cette rengaine :
mais qui a pu programmé un tel monde ?
petite je me disais que tout cela n'etait pas reel et puis bercée par Cristal qui songe de T. Sturgeon les portes de ce monde clos se sont ouvertes sur d'autres univers....
SL en est un parmi d'autres ....
artemisia
@ artemisia : je ne suis pas trop d'accord avec la désignation de "folie" que tu sembles vouloir attribuer à l'existence.
Pour moi, le sens et la raison suffisante de l'homme est de connaître - et je ne conçois pas SL comme une psychothérapie mais plutôt comme un objet de connaissance ;)
Je suis vraiment heureux ce soir de lire ce post.
En effet, du mythe de la caverne en passant par Philip K.Dick (qui voit la réalité comme une sorte de consensus entre des personnes),la notion de réalité, tout comme celles de temps et d'espace apparait finalement comme liée à la représentation, aux signes, voire à l'éducation de la perception.
Il est tout à fait concevable sans tomber dans le solipsisme d'accepter le côté accessoirement tangible ou "physique" de cette réalité pour la vivre avec les autres dans un univers envisagé comme un tout partagé.
Dans ce cas, les représentations et sensations véhiculées et partagées dans ce tout constituent une partie de la réalité "visible", et les mondes virtuels, comme "signes" véhicules de ces représentations et sensations, ne sont pas moins réels que le reste.
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